🦮 Supplément Au Voyage De Bougainville Résumé Par Chapitre
Dansle premier chapitre, Diderot présente brièvement Aoutourou et Le supplément au voyage de Bougainville par une subtile mise en abyme. De plus il commence à montrer son opinion quant au décalage entre le Nouveau Monde, et le sien, autrement dit, l'ancienAinsi nous pouvons nous demander, comment la forme dialoguée sert-elle la
Fond Bougainville, un contemporain de Diderot, était un explorateur français dont le livre de 1771 Voyage autour du monde ( Un voyage autour du monde) a rendu compte d'une expédition qui l'a conduit en Argentine, en Patagonie, en Indonésie et à Tahiti.Ce sont les descriptions utopiques de ces derniers qui ont inspiré Diderot à rédiger sa critique sous la forme d'un Supplément fictif .
DIDEROT Supplément au Voyage de Bougainville, présentation et notes de Paul-Édouard Levayer, Paris, Librairie Générale Française, coll. Le Livre de Poche – Libretti, [] 2003, 122 p. Étonnamment, je n’avais jusqu’à présent jamais rien lu de Diderot, ou presque. Ce Supplément au Voyage de Bougainville, sans doute un de ses ouvrages qui m’attiraient le plus, a d
SUPPLÉMENTAU VOYAGE DE BOUGAINVILLE, Denis Diderot (résumé & analyse) Obtenir ce document Voir sur l'admin Extrait du document. En 1771, paraissait à Paris le Voyage autour du monde, récit de son périple par l’explorateur Louis Antoine de Bougain-ville. Celui-ci avait alors séduit la cour et le Tout-Paris en exhibant Aotorou, le «bon sauvage» ramené de Tahiti. Il s’en
Bougainvilleest témoin de son voyage, il a vu. Diderot s'appuie sur ce témoignage pour justifier ses idées philosophiques. Il en déduit des valeurs. Les lois sont des entraves à la
Commentairecomposé du Supplément au voyage de Bougainville De Diderot Extrait : C'est un vieillard qui parle ni de tes vertu chimérique. Le xvii siècle appelait siècle des
PersonnagesTemps Lieux Résumé Thème Idée principale. Chapitre 1. Le dialogue commence "in medias res" (formule qui définit l'entrée dans une pièce de théâtre et qui nous semble tout à fait s'adapter à l'ouverture du texte de Diderot) et se présente comme la suite d'une conversation en cours.
LeRésumé de Supplément au voyage de Bougainville se poursuit avec le chapitre 4 qui est une continuité de l’entretien entre Orou et le jésuite. Ce dernier a du mal à saisir la notion de libertinage amoureux tant répandu chez les Tahitiens. En effet, pour les insulaires la procréation est au centre de tous les rituels de la communauté.
Supplémentau Voyage de Bougainville Par Denis Diderot. Œuvre du domaine public. Date de publication sur Atramenta : 10 mars 2011 à 13h29. Dernière modification : 28 juin 2016 à 8h52. Vous êtes en mode "plein écran". Lire en mode normal (façon ereader) Résumé de l'oeuvre. Débat sur le mythe du bon sauvage. Commencer la lecture : I – JUGEMENT DU
6j9fz. Contactlescoursjulien Supplément au voyage de Bougainville, le discours du vieillard », Diderot, 1796 Pleurez, malheureux Tahitiens! pleurez; mais que ce soit de l’arrivée, et non du départ de ces hommes ambitieux et méchants un jour, vous les connaîtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attaché à la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au côté de celui-là, dans l’autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux. Mais je me console; je touche à la fin de ma carrière; et la calamité que je vous annonce, je ne la verrai point. O Tahitiens! mes amis! vous auriez un moyen d’échapper à un funeste avenir; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu’ils s’éloignent, et qu’ils vivent. » Puis s’adressant à Bougainville, il ajouta Et toi, chef des brigands qui t’obéissent, écarte promptement ton vaisseau de notre rive nous sommes innocents, nous sommes heureux; et tu ne peux que nuire à notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature; et tu as tenté d’effacer de nos âmes son caractère. Ici tout est à tous; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes; tu as partagé ce privilège avec nous; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras; tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr; vous vous êtes égorgés pour elles; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres; et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n’es ni un dieu, ni un démon qui es-tu donc, pour faire des esclaves? Orou! toi qui entends la langue de ces hommes-là, dis-nous à tous, comme tu me l’as dit à moi, ce qu’ils ont écrit sur cette lame de métal Ce pays est à nous. Ce pays est à toi! et pourquoi? parce que tu y as mis le pied? Si un Tahitien débarquait un jour sur vos côtes, et qu’il gravât sur une de vos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres Ce pays appartient aux habitants de Tahiti, qu’en penserais-tu?… Tu n’es pas esclave tu souffrirais la mort plutôt que de l’être, et tu veux nous asservir! Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas défendre sa liberté et mourir? Celui dont tu veux t’emparer comme de la brute, le Tahitien est ton frère. Vous êtes deux enfants de la nature; quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi? Tu es venu; nous sommes-nous jetés sur ta personne? avons-nous pillé ton vaisseau? t’avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis? t’avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux? Nous avons respecté notre image en toi. Laisse nous nos moeurs; elles sont plus sages et honnêtes que les tiennes; nous ne voulons plus troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons. Sommes-nous dignes de mépris, parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir. Tu es entré dans nos cabanes, qu’y manque-t-il, à ton avis? Poursuis jusqu’où tu voudras ce que tu appelles les commodités de la vie; mais permets à des êtres sensés de s’arrêter, lorsqu’ils n’auraient à obtenir, de la continuité de leurs pénibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l’étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler? Quand jouirons-nous? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières la moindre qu’il était possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos. Va dans ta contrée t’agiter, te tourmenter tant que tu voudras; laisse-nous reposer ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques. » Exemple d’un plan de commentaire avec introduction et conclusion du passage le discours du vieillard » dans supplément au voyage de Bougainville de Diderot, 1796. Ceci n’est pas un modèle, mais un exemple. Votre réflexion personnelle peut évidemment mener à d’autres pistes de lecture Introduction La parution du livre est posthume en 1796. Diderot a entrepris l’écriture du Supplément au voyage de Bougainville suite au succès du réel récit de voyage de l’explorateur, Voyage autour du monde 1771. Le livre, comme l’indique le titre complet, se présente sous la forme d’un dialogue entre deux personnages A et B, qui se réfère à l’oeuvre de Bougainville pour mieux interroger le lecteur sur la colonisation et la vision européenne portée sur ces terres éloignées. accroche avec remise dans le contexte A l’intérieur de ce dialogue philosophique, fréquent dans l’oeuvre du philosophe Entretien avec la Maréchale de…, ou Jacques le faliste, deux récits sont enchâssés l’entretien de l’aumonier et Orou, et les adieux du vieillard. Ce dernier se situe au début, dans le deuxième chapitre. Un vieil homme, respecté pour sa sagesse, et semblant être le chef de la tribut des Otaïtiens, détaille avec colère les méfaits des colons, et l’injustice de la colonisation dans un long discours. présentation du texte Quel regard est porté sur la civilisation européenne dans cet extrait par le philosophe ? problématique Nous montrerons dans un premier temps que ce texte est un discours argumentatif, puis nous analyserons la portée philosophique du propos, notamment dans la comparaison effectuée entre les deux mondes. annonce de plan introduction en quatre parties avec une accroche, une présentation du passage, une problématique, et une annonce de plan. I- Un discours polémique. phrase d’introduction avec rappel du thème lors de la rédaction a Les marques du discours. s’adresse directement à Bougainville Puis s’adressant à Bougainville ». Seconde personne du singulier tout au long du texte Et toi », tu ne peux »…, marque d’un manque de respect pour le colonisateur. il parle au nom de son peuple Nous suivons », et à son peuple, qui avec Bougainville, constitue son auditoire. Présence de procédés oratoires comme de multiples questions rhétoriques. b Une tonalité polémique. le vieillard ne débat pas avec Bougainville. Il est énervé ponctuation expressive et tu veux nous asservir ! », impératif Laisse-nous ». formulations insultantes à plusieurs reprises chef des brigands », brute ». colère du vieillard devant les comportements des Occidentaux décrits en termes violents féroce », vous vous êtes égorgés pour elles ». c Un discours argumentatif. un discours structuré malgré la colère tout d’abord, la situation initiale, le vaisseau proche de la rive. Ensuite, seconde étape sur la propriété Ici tout est à tous », puis la liberté Nous sommes libres », enfin, le second paragraphe expose plus en détail le mode de vie des Thaitiens, tu es entré dans nos cabanes ». utilisation d’un présent de vérité générale, qui ne souffre pas de contestation Tu n’es ni un dieu, ni un démon », Tout ce qui est nécessaire et bon, nous le possédons ». connecteurs logiques et » répétitions dans le texte », donc », Lorsque ».. convaincre par l’exemple, et la logique du raisonnement, persuader par la tonalité polémique. phrase de conclusion/transition lors de la rédaction de la partie II- Un discours des Lumières. phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction a Un blâme de la colonisation. description péjorative de la colonisation. Un vol Ce pays est à nous. Ce pays est à toi ! Et pourquoi ? Parce que tu y as mis le pied ? ». La colonisation est montrée comme une appropriation illégitime, faite par la violence, par la force. La violence vous enchaîne, vous égorge », mise en avant du symbole de la supériorité guerrière des Européens le fer qui pend au côté de celui-là », cette lame de métal », l’épée. La privation de liberté le titre de notre futur esclavage », esclaves », tu veux nous asservir », défendre nitre liberté ». un vol violent et un asservissement pour des buts néfastes vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices », aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu’eux », énumération insistant sur le caractère nocif de la civilisation européenne. b L’utopie tahitienne. principe de tolérance en mettant en avant les caractéristiques de la civilisation thaïtienne. Présent de vérité générale pour décrire leur état, leur vie Nous sommes innocents, nous sommes heureux », Nous sommes libres ». Bonheur et liberté sont acquis. Le nous » inclus tous les habitants ; société égalitaire. Pas de besoins, apparence d’une société sans manques Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons ». pas de propriété Ici, tout est à tous. », pas de mariage Nos femmes et nos filles sont nous sont communes ». Idée d’une communauté utopique. c Une vision typique de Diderot. matérialisme athée de Diderot mis en avant pas de liens familiaux sacrés, insistance sur les conditions de vie, refus de la propriété. Vie et bonheur qui suivent les lois naturelles Nous suivons le pur instinct de la nature », parallélismes simples pour exprimer une vie simple Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger… ». Travail et progrès sont vues comme des valeurs négatives rien ne nous parît préférable au repos », tes inutiles lumières », tes besoins factices ». retournement de situation par rapport au cliché de l’indigène sauvage et peu développé, et de l’Européen progressiste et savant. phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction Conclusion La forme du texte est celle du discours, qui permet à la fois de faire passer des sentiments de colère contre la colonisation européenne, et un raisonnement logique qui nous montre les désordres créés par la colonisation dans les sociétés indigènes. Le discours interroge aussi le lecteur sur la légitimité des Européens à s’accaparer des terres à l’autre bout du monde. De plus, Diderot pose ,par une comparaison habile entre une civilisation européenne corrompue et une civilisation thaïtienne heureuse et épanouie, les principes de sa philosophie proche de la nature, et égalitaire. réponse à l’annonce de plan La colonisation européenne est vue comme une malédiction terrible, qui opprime les peuples indigènes. Elle ment sur sa légitimité, sur la promesse de progrès qu’elle avance, car les Européens ne peuvent apporter le bonheur à une civilisation qui le possède déjà. réponse à la problématique Ce texte nous renseigne une nouvelle fois sur la proximité philosophique de Diderot et de Rousseau quant aux lois naturelles, et à la vision du travail et du progrès. Les deux philosophes souhaitent un retour des civilisés » à une vie primitive, déliée des besoins superflus, et surtout sans propriété, comme l’expose aussi Rousseau dans le mythe du bon sauvage. ouverture conclusion en trois parties avec reprise des conclusions partielles, réponse à la problématique, et ouverture contactlescoursjulien
Diderot Supplément au voyage de Bougainville UPD. Cours d’humanités, L2, enregistré le 21/09/2010. Etienne TASSIN, Professeur de philosophie, UFR Sciences sociales. Diderot Supplément au voyage de Bougainville, ou dialogue entre A et B sur l’inconvénient d’attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n’en comportent pas 1772. Edition de référence Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville et autres œuvres morales E. Tassin éd., Paris, Presses Pocket, Coll. Agora », 1992. Mots clés Diderot, Bougainville, Tahiti, société, mœurs, sexualité, codes code moral, code civil, code religieux, humanité, civilisation, morale, politique. Résumé Le Supplément au voyage de Bougainville de Denis Diderot présente une critique de la société européenne du XVIIIè siècle et du processus de civilisation par contraste d’avec la société tahitienne, tout entière naturelle, décrite par Bougainville. L’examen des normes de la sexualité est l’occasion de révéler l’obscurantisme des Lumières et les effets pervers d’une civilité régie par des codes contradictoires, le code moral, le code civil et le code religieux. A l’inverse, la libre sexualité tahitienne permet de définir ce que serait une société heureuse, régie par le seul code de la nature. Mais cette société naturelle est inéluctablement perdue. Quelle attitude politique peut-on alors adopter dans une société civilisée dont les normes mettent les humains en contradiction avec eux-mêmes ? On examine la manière dont Diderot met ce problème en scène et les conséquences politiques qu’il nous invite à en tirer. *** C’est d’un court dialogue rédigé en 1772 mais qui ne fut publié qu’après sa mort, en 1796 – Diderot, né en 1713 étant mort en 1784, que nous allons parler ici Le Supplément au voyage de Bougainville, sous titré De l’inconvénient d’attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n’en comportent pas ». Dans ces années-là, entre 1772 et 1774, Diderot écrit plusieurs textes courts qui composent un ensemble thématiquement cohérent Ceci n’est pas un conte, Mme de la Carlière, le Supplément ou encore l’Entretien d’un père avec ses enfants ou l’Entretien avec la Maréchale de***. Tous ces textes examinent, sous des formes différentes — dialogues, récits, réflexions philosophiques — la question des mœurs, des relations physiques, morales et civiles entre les sexes, la critique des lois et de la religion. Le Supplément offre en quelque sorte une synthèse de ces interrogations dans un dialogue plein d’esprit, à l’allure désinvolte et primesautière, mais en réalité très profond et sérieux, entre deux personnages, A et B. Remarquons tout de suite qu’il est inutile de chercher qui de A ou de B est Diderot. Diderot c’est toujours A et B, leur dialogue est le dialogue constant que Diderot ne cesse de mener avec lui-même ou avec ses amis et qu’il met en scène pour que nous le menions à notre tour entre nous et nous-mêmes ou avec nos amis. 1 La pensée de Diderot comme son écriture présentent toujours deux caractères qui en rendent la lecture attractive et plaisante - 1 Diderot pense en marchant et écrit en sautant. Son écriture est extravagante, au sens littéral, parce que sa pensée ne progresse pas déductivement, elle évolue par bonds, par échos, par circonvolutions, puis tout à coup … une fulgurance. Et il nous faut suivre, associer des observations faites ici à des thèses énoncées là mais aussitôt contredites, et pourtant reprises, etc… Tout cela suit cependant un chemin qui nous conduit, l’air de rien, inéluctablement de problèmes en problèmes vers la résolution des questions les plus difficiles auxquelles tout un chacun se trouve confronté s’il s’intéresse à la condition humaine et à la condition sociale. - 2 Mais, et c’est là la deuxième caractéristique de l’écriture de Diderot, elle met en scène les difficultés et les contradictions de la pensée, elle nous conduit au bord des solutions et, lorsqu’on croit les tenir, ces solutions, voilà que Diderot nous abandonne à nous-même, nous laisse seul avec notre propre pensée et nos interrogations, comme s’il nous disait j’ai débroussaillé le chemin, je vous ai perdu mais je vous ai aussi ramené aux vraies questions, et maintenant … à vous de jouer. Je ne vous dirai pas ce qu’il faut penser, je vous laisse penser ce que vous pensez qu’il vous faut penser. C’est votre affaire. » Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie que Diderot n’est pas un Maître à penser », un maître de conscience, un dogmatique. C’est un pédagogue celui qui conduit vers le jugement mais pas un Maître qui donne des leçons de vérité ou de sagesse, qui dispense des savoirs. Seul l’exercice libre de notre pensée, en première personne, peut nous libérer des tyrans et éclairer le public. Il y a un scepticisme de Diderot qui est sa manière d’être dans la critique sans jamais être dans l’autorité, sans jamais occuper la position du maître. A mes yeux, c’est cela, cette modestie de la pensée jointe à la radicalité de la critique, cet amour de la liberté grâce auquel il s’interdit d’asséner des vérités toutes faites, joint au désir d’émancipation, c’est cela dis-je, qui fait de Diderot un grand et sympathique écrivain autant qu’un grand et précieux philosophe. Alors, dans le Supplément au voyage de Bougainville, de quoi s’agit-il ? D’une critique radicale de la société civilisée – société européenne — du XVIII°, critique énoncée par confrontation de cette société policée, développée, sophistiquée, avec une société naturelle, simple, cohérente avec elle-même, celle de Tahiti qui, elle, suit les seules lois de la nature. Et pour entreprendre cette critique, Diderot va nous raconter une étrange histoire, il va nous rapporter les propos que tiennent deux promeneurs, A et B, à propos du compte rendu que Bougainville a fait de son voyage autour du monde. Le prétexte au dialogue est le suivant. Le 15 novembre 1766, deux vaisseaux quittent le port de Nantes pour un tour du monde, une frégate, La Boudeuse, et une flûte, l’Etoile. Louis Antoine de Bougainville commande l’expédition, il vogue sur La Boudeuse. Les deux navires traversent l’Atlantique, longent la côte orientale de l’Amérique du sud, passent le détroit de Magellan le 5 décembre 1767 et arrivent en vue de Tahiti le 1er avril 1768, où ils restent au mouillage une dizaine de jours. De 2 là, ils font voile vers le cap de Bonne-Espérance qu’ils passent en janvier 1769 la Boudeuse accoste à Saint-Malo le 16 mars, l’Etoile à Rochefort un peu plus tard, le 24 avril 1769. Deux ans plus tard, le récit de ce voyage est publié. Il connaît un grand retentissement entre autre parce que Bougainville avait ramené un Tahitien avec lui, Aotourou, que toute la bonne société métropolitaine voulait rencontrer. Et puis il avait évoqué l’île de Tahiti comme une île en grande partie dédiée au plaisir sexuel. Diderot a lu le récit de Bougainville, il en fit même un compte rendu pour la correspondance littéraire de Grimm que ce dernier ne publie pas. Il en profite pour l’augmenter et en faire une œuvre à part entière dans laquelle il va se servir des propos de Bougainville. Il écrit un Supplément qui sera centré sur l’île de Tahiti que Bougainville avait décrite comme la nouvelle Cythère, cette île paradisiaque où les amours sont libres et la vie sexuelle tout entière naturelle, constamment sollicitée en public comme une marque de joie et de sérénité. Qu’est-ce qu’un supplément ? Un supplément n’est pas un complément — ni un complément anthropologique à l’enquête menée par les navigateurs, ni un complément philosophique aux théories de l’état de nature qui abondent au XVIII siècle et dont celle de Rousseau est la plus célèbre. Il ne s’agit pas pour Diderot de compléter les descriptions anthropologiques qu’offre le récit de Bougainville, il n’a jamais mis les pieds à Tahiti. Mais il ne s’agit pas non plus pour lui de fournir quelque spéculation philosophique sur l’état de nature, elle n’aurait aucun fondement anthropologique et serait sans valeur. Le Supplément ne complète rien il ajoute. Il ajoute un autre texte à un récit — texte que Diderot fait passer pour un supplément non publié écrit par Bougainville lui-même —, et il le présente cet ajout sous la forme d’un dialogue à propos de ce récit et de ce texte. Cet ajout a valeur d’interprétation. Le Supplément est une double interprétation c’est d’abord une interprétation de la nature c’est le titre d’un ouvrage de Diderot Pensées sur l’interprétation de la nature ; c’est ensuite une interprétation de la société. Diderot va interpréter la société tahitienne qui est une société naturelle pour pouvoir interpréter la société européenne qui est une société policée, œuvre supposée de la civilisation, de la culture, de l’intelligence, pour l’interpréter, donc, au regard de la première. En quoi consiste cette interprétation ? De quel problème s’agit-il ? Il ne faut pas se tromper de problème. Au cours du XVIII siècle et en liaison avec les voyages, les grandes explorations autour du monde, et la colonisation du nouveau continent américain, au nord comme au sud, se développe une véritable curiosité, un véritable intérêt pour les questions qu’on appellera plus tard anthropologiques comment vivent les autres sociétés les autres », ce sont les non Européens ? Mais la plupart du temps, cet intérêt prend la forme de ce qu’on appellera le primitivisme », à savoir une approche des sociétés autres comme des sociétés primitives » qu’on juge à un 3 stade plus élémentaire du développement de l’humanité. Vous comprenez que selon cette perspective, on présuppose - une histoire continue et progressive de l’humanité qui va du primitif au développé théorie du développement qui fait qu’on parlait hier encore de sociétés sous développées » ou aujourd’hui de sociétés en voie de développement » - une homogénéité des modes de développement qui permet de penser que les sociétés qu’on dit primitives » sont dans l’état où étaient les nôtres aujourd’hui avancées à l’aube de l’histoire. Ce qui veut dire que le seul modèle de développement d’une société est celui de la société européenne qu’on connaissait au XVIII° siècle. Diderot, qui a beaucoup d’esprit, sait déjà que tout cela ce sont des fadaises. Et il va se servir du Supplément pour l’établir. Comment ? En conséquence de ce modèle développementaliste lié au primitivisme, une question beaucoup discutée à cette époque est celle de savoir si la vie des sauvages » n’est pas préférable à celle des civilisés », ou encore si l’état de nature n’est pas un état de perfection dont le développement des sociétés nous aurait éloigné et qu’il nous faudrait retrouver. Diderot discutera de cela mille fois, comme tous ses contemporains. Mais sa réponse est tranchée par un argument qui est rappelé dans le Supplément et que je ne fais qu’évoquer on vit plus longtemps dans les sociétés policées, donc cette vie est préférable à la vie sauvage. Si Diderot tranche une question, alors que je vous ai dit qu’il avait pour habitude de ne pas le faire, de laisser les réponses en suspens, c’est que c’est tout simplement une mauvaise question. Les questions pour lesquelles on a des réponses sont celles qu’il n’était pas intéressant de poser. Il faut donc prendre le problème autrement. L’histoire de l’humanité n’est pas celle d’une longue déchéance d’un état initial parfait — le paradis perdu d’une nature primitive. Mais ce n’est pas non plus celle d’un progrès continu des Lumières, d’une construction maîtrisée de la raison qui offrirait aux hommes un avenir radieux. Non. Et c’est ce que démontre Tahiti. La Tahiti de Diderot sert à montrer que cette histoire est à la fois celle d’un déclin et celle d’un progrès, celle d’une dénaturation de l’homme qui le fait évoluer mais aussi en même temps, celle d’une socialisation qui le dénature et lui fait perdre ses qualités. Au cœur des Lumières, dont il est un des plus fervents promoteurs, Diderot intente ainsi le procès des Lumières. L’île de Tahiti n’est ni une origine perdue ni une utopie à édifier par la raison elle ne figure pas un autre monde, idéal, situé dans un avant originaire ou dans un horizon à venir à la fin de l’histoire. Non, cette île, existe bel et bien aujourd’hui, et elle appartient à notre monde dont on découvre chaque jour des contrées inconnues. Tahiti est notre contemporaine dans l’histoire ; et cependant, elle est l’envers de notre société pour ce qui concerne les mœurs, les lois, la sociabilité humaine, car elle était jusqu’à l’arrivée très récente des Européens, restée à l’écart du développement » que les sociétés occidentales ont connues. Elle est donc, en quelque sorte, vierge de tous les défauts que les sociétés civilisées ont développés avec le développement du commerce, des lois civiles et morales, du pouvoir politique et des dogmes religieux. C’est une autre société que la nôtre mais dans notre monde commun. 4 Tahiti indique donc qu’il existe aujourd’hui, dans notre monde, d’autres manières d’exister pour une société que celle qu’ont privilégiée les sociétés européennes. Et, comme on va le voir, qu’on y vit bien, très agréablement. Le problème du problème Mais l’affaire n’est pas si simple. Ce serait trop facile. On a repéré le problème, l’opposition de deux sociétés, l’une naturelle, l’autre artificielle ; mais voilà que ce problème pose luimême un problème. Car il ne s’agit pas d’opposer tout simplement la merveilleuse île de Cythère qu’est Tahiti, tout entière naturelle, à l’horrible continent européen tout entier perverti. C’est vrai que les deux univers coexistent dans le même monde, on l’a dit, à distance l’un de l’autre. Mais c’est vrai aussi que tout cela est fini. Dès lors que les Européens découvrent Tahiti, posent le pied sur le sol de Tahiti, c’en est fini de Tahiti. Diderot a un coup de génie, un vrai coup de génie. Il a compris ce qu’est la découverte » des nouveaux mondes, ce que cela signifie et implique. Et à vrai dire, il a compris, avant tout le monde, avec une clairvoyance inégalée, ce que signifie ce que nous appelons, nous aujourd’hui, la mondialisation » ou plutôt la globalisation. Et cela, Diderot le met en évidence tout de suite. Comment ? Le dialogue est composé de cinq parties. La première, qui commente le récit de Bougainville, nous conduit, comme on l’a dit, à la présentation d’un supplément ignoré qui sera évoqué et discuté dans les quatre autres parties. La deuxième partie s’intitule Les adieux du vieillard ». C’est par elle que commence véritablement la présentation du supposé supplément de Bougainville. Or, elle rend compte du discours qu’un des doyens de l’île adresse à ses compatriotes au moment du départ des Européens. Et que leur dit-il ? Qu’ils doivent pleurer, mais non pas du départ des navigateurs, plutôt de leur arrivée sur l’île. Car cette arrivée aura correspondu à la perte de l’île. Avec les navigateurs, c’est la civilisation européenne qui s’est répandu dans l’île comme une maladie contagieuse et qui en a perverti toute la naturelle simplicité, instillant le mensonge, l’hypocrisie, le vice, là où Tahiti ne connaissait que la franchise des paroles, la cordialité des relations humaines, la cohérence des conduites, le souci du bien commun, l’égalité des conditions et la liberté de tous. Diderot use d’une métaphore pour indiquer comment la civilisation a vicié l’ordre naturel de Tahiti avec les navigateurs, la syphilis a été répandue dans l’île, transformant une sexualité joyeuse et publique en une sexualité malheureuse et honteuse. Lisez les adieux du vieillard ». En trois pages admirables, Diderot fait le procès de la civilisation comme colonisation, c’est-à-dire perversion, du monde de la vie naturelle par le monde de la vie policée. Mais cela signifie donc ceci Tahiti, qui avait été jusqu’ici préservée des supposés bienfaits » de la civilisation, se voit maintenant pourrie par celle-ci. Et donc Tahiti n’est plus Tahiti. L’Europe ne peut découvrir » le monde qu’en le détruisant comme monde naturel pour le transformer en monde européen. Dès que les premiers navigateurs ont posé le pied sur le sol de l’île, l’île a rejoint le concert des nations exposées à l’exploitation 5 économique en vue du commerce, à la soumission politique à la couronne du Roi de France, à l’évangélisation des consciences par l’Eglise. Exploitation, soumission, évangélisation sur tous les plans, économique, politique et religieux, Tahiti vient de subir une appropriation symbolique et réelle des biens et des personnes par les Européens. Et donc l’île ne peut plus ni figurer un état de nature ni une utopie elle est bien plutôt le laboratoire où s’observe la transformation inéluctable de la nature en culture, c’est-à-dire d’une vie rationnelle et cohérente en une vie irrationnelle et contradictoire qui est celle qu’impose la civilisation. Tel est l’argument de Diderot. L’argument du Supplément Tahiti figure une société naturelle — et non pas un état de nature asocial, car il s’agit bien d’une société organisée et fortement réglée par des règles strictes, mais qui toutes relèvent de ce que Diderot va nommer le code de la nature ». A l’inverse, nos sociétés développées sont dites développées parce qu’elles ont développé d’autres codes que le code de la nature, d’autres codes qu’elles ont fini par substituer au code de la nature code moral, code civil, code religieux. La différence fondamentale entre la société tahitienne et la société européenne est donc que la première ne connaît et ne suit qu’un seul code, le code de la nature, tandis que l’autre doit obéir à trois codes, celui de la moralité, celui de la civilité et celui de la religiosité, trois codes qui 1 - se sont substitués au code de la nature et ont donc perdu la simplicité et la cohérence de l’organisation naturelle de la société, et 2 – sont en contradiction les uns avec les autres, la morale exigeant que nous fassions ce que la loi civile condamne ou que la loi religieuse réprouve, et qui de toute façon n’est pas naturel. Voilà le vrai problème pourquoi nos sociétés sont-elles construites sur des codes qui ne sont pas naturels et qui, surtout, se contredisent au point de rendre toutes nos conduites, toutes nos actions, toutes nos pensées contradictoires ; donc insupportables, pour nous comme pour les autres. Cf. Entretien d’un père avec ses enfants Ce qui pose plusieurs questions - Qu’est-ce qu’une organisation sociale réglée sur le seul code de la nature comment vit-on à Tahiti ? - Pourquoi les sociétés développées se sont-elles développées en multipliant des codes contradictoires ? - Quelle attitude adopter face à ce grand écart peut-on vivre en Europe comme les Tahitiens vivent chez eux, c’est-à-dire naturellement ? Ou sommes nous condamnés à nous contredire continuellement et à n’être jamais en paix avec nous-mêmes et avec nos concitoyens ? Ou encore, doit-on feindre, être hypocrite, faire croire qu’on suit tel ou tel code et en réalité, subrepticement, se conduire autrement ? Etre Tartuffe, voilà ce que serait la vérité des sociétés développées ? A ces questions, il nous faut trouver des réponses dans le dialogue de A et de B. Et on en trouve… Ou tout au moins trouve-t-on des éléments grâce auxquels nous pouvons, nous, essayer de forger nos propres réponses. 6 Actions physiques / idées morales la sexualité Le point de départ pourrait être le sous titre du dialogue De l’inconvénient d’attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n’en comportent pas ». Ce sous titre nous dit trois choses a d’une part que la nature doit être comprise du point de vue des actions physiques ; b d’autre part que certaines actions jouent un rôle privilégié selon cette nature ; et enfin c qu’il y a des inconvénients à prêter des significations morales à des actions qui n’en ont pas en elles-mêmes, lorsqu’on les considère selon leur déploiement physique. a Considérons la première idée. La nature » à laquelle se réfère Diderot n’est pas une origine ou un état de nature au sens de Rousseau, elle est à entendre comme un principe. Un principe qui ordonne les actions humaines. Et donc la différence entre Tahiti d’avant sa découverte et l’Europe est une différence dans la proximité à la nature, c’est-à-dire au principe de toute vie humaine. Tahiti a institué le code de la nature pour toute législation et a pu s’y tenir, du moins jusqu’à sa découverte ». Elle est proche de son principe. La société européenne s’en est au contraire éloignée au point d’oublier ce principe naturel pour développer à sa place une autorité morale, une autorité civile et une autorité religieuse. b Considérons ensuite de quelles actions naturelles, ces certaines actions physiques », ce sous titre parle. Quelles sont-elles, ces actions ? Eh bien, ce sont toutes les actions liées à la vie sexuelle des êtres humains. Pourquoi ce privilège accordé à la vie sexuelle ? Parce que les relations des sexes entre eux sont révélatrices de l’état des mœurs d’une société, ils indiquent, très concrètement, quelles valeurs une société érige en règles de la vie commune. Les représentations et les règles de la vie sexuelle constituent en quelque sorte un condensé des normes sociales là, on peut observer avec précision ce qu’une société tolère ou pas, ce qu’elle privilégie, ce quelle autorise et interdit, et donc quelles normes et quelles valeurs elle promeut. Car la relation sexuelle, intime et privée dans son expérience, est aussi publique et commune dans sa réglementation. La vie sexuelle peut donc être considérée comme au fondement du lien humain, social et politique. La sexualité définit le registre des actions par lesquelles se noue, dans l’expérience privée, le lien élémentaire qui institue l’espèce humaine en communauté sociale et politique. c Considérons maintenant les inconvénients qui résultent de la moralisation » des actions physiques le principe naturel est qu’une action physique a le sens que la nature lui donne. Par exemple, la sexualité que Bougainville a présentée comme étant libre et heureuse à Tahiti. Faire l’amour consiste à prendre plaisir à une action que la nature recommande pour la reproduction de l’espèce. Ce n’est ni bien ni mal, c’est plaisant et … c’est utile. Donc, à Tahiti on se réjouit des nombreux accouplements des uns avec les autres, car ils témoignent du plaisir qu’on prend à vivre avec les autres en même temps que du souci que l’on a de proroger ce plaisir à l’avenir en assurant la venue des futures générations. Le plaisir et l’utile ne se contredisent pas, ils vont de pair selon le code de la nature. Mais que se passe-t-il dans les sociétés dites civilisées soumises à des codes contradictoires et bien éloignés du principe naturel des actions physiques ? Eh bien, on a attaché des idées morales à ces actions physiques. Mais des idées morales qui ne sont nullement contenues dans le principe naturel, nullement requises par l’action physique. Par exemple, on a dit que l’on ne pouvait faire l’amour que dans le cadre du mariage. Diderot 7 dénonce le mariage comme un contrat d’appropriation privée d’une femme par un homme qui va la considérer comme son bien. Le code religieux exige la fidélité dans le mariage et prescrit de ne s’unir qu’en vue de la reproduction. Le code civil, lui, n’interdit pas les relations sexuelles hors mariage. Ce dernier indique en revanche avec qui cela est possible et avec qui c’est délictueux par exemple avec les enfants, avant tel âge ; ou si les rapports sont contraints et se font sans le consentement des intéressés, etc.., mais il n’interdit pas l’inceste. En revanche, le code moral interdit de s’accoupler avec ses parents et ses frères et sœurs. Mais si l’inceste est moralement proscrit, la définition de ceux ou celles qui font l’objet de cette interdiction change selon les sociétés, c’est-à-dire selon un mixte de codes moral, civil et religieux. Bref, la superposition de ces codes rend non seulement la plus grande partie de la sexualité délictueuse, honteuse et perverse elle en fait un délit, un vice et une maladie, mais elle la rend aussi la plupart du temps insupportable parce qu’elle nous plonge dans des contradictions que nous ne savons pas assumer sereinement. Si l’on regarde la société européenne du XVIII° que Diderot a sous les yeux, elle ne diffère au fond pas beaucoup de la nôtre qui s’est dite, à une époque récente, libérée sexuellement alors qu’évidemment elle est restée prisonnière des codes moraux, civils et religieux. La sexualité se donne évidemment toujours libre cours puisqu’elle est naturelle et même fortement sollicitée par la nature. Seulement, au lieu que ces actions les relations sexuelles soient menées au grand jour, elles le sont en secret et dans la duplicité maris volages, femmes adultères, commerce des corps maisons closes, prostitution, pornographie, traites des femmes, pédophilie et tourisme sexuel, le tout se faisant en privé, et en cachette, pour ne pas troubler l’ordre public » ni l’apparente moralité des mœurs, ni la bonne conscience religieuse, ni contrevenir aux lois qui réglementent les rapports entre êtres humains. Quelle est alors l’idée de Diderot dans le Supplément ? C’est qu’au lieu de fonder nos conduites sur les préceptes abstraits de la religion, de la morale ou du droit, on devrait fonder la morale, comme la législation civile, sur le code naturel des actions physiques. Au lieu de plaquer une morale sur une physique, Tahiti illustre cette physique des conduites qui constitue la seule morale des actions. Vous lirez dans le Supplément l’exemple amusant et terrible à la fois de ce conflit entre une physique des actions et une morale des idées, dans les troisième et quatrième parties du dialogue qui relatent l’entretien de l’aumônier de La Boudeuse, avec un Tahitien, nommé Orou, qui le reçoit chez lui et lui propose d’honorer cette hospitalité selon les lois en usage à Tahiti, à savoir en couchant avec sa femme ou ses filles. Terrible conflit de l’homme d’église taraudé par le désir d’un côté et obligé de respecter ses engagements sacerdotaux de l’autre, sa morale, son état » comme il dit, c’est-à-dire sa condition de prêtre qui lui fait obligation de chasteté. Je vous laisse le plaisir de découvrir l’issue de ce dilemme. Je mets seulement en évidence le conflit entre les préceptes de la religion d’un côté et les dispositions physiques de la nature de l’autre. Mais il faut prêter attention à ceci Diderot ne se contente pas d’opposer une vision naturiste et hédoniste du plaisir aux codes contraignants et contradictoires que les sociétés développées ont imposés. Pour deux raisons 1. D’une part, le code de la nature traduit une économie naturelle du plaisir qui détermine l’utilité de l’acte sexuel. C’est donc toujours parce que les actions sexuelles sont conçues dans la perspective de la reproduction de l’espèce que la vie sexuelle est libre. Diderot n’est ni 8 Bougainville qui avait décrit Tahiti comme la nouvelle Cythère ni Sade. Il y a une économie naturelle des rapports humains. 2. Et donc aussi, d’autre part, la sexualité tahitienne obéit à des codes qui déterminent ce qu’il est interdit de faire en matière de sexualité à l’égard des enfants pré-pubères, par exemple, ou des femmes stériles ou des personnes âgées… L’absence d’idées morales attachées aux actions physiques ne signifie pas que nous sommes à Tahiti dans une société du tout est permis ». Nullement, il y a des interdits. Mais le partage de ce qui est permis et de ce qui est interdit est fondé sur la seule économie de la nature, pas sur des valeurs morales qu’on plaque sur les conduites, il se déduit des seules actions physiques, de la seule nature. Ainsi sera petit à petit dressé au cours du dialogue, le tableau de tout ce qui sépare l’Europe de Tahiti, c’est-à-dire en réalité l’Europe de sa vérité enfouie à jamais, ce qui sépare l’Europe de son principe naturel. Mais se pose alors la question, cruciale, celle de savoir ce que nous, Européens, nous devons faire une fois que l’on sait que les codes auxquels nous sommes invités à faire allégeance ne sont ni naturels ni cohérents ; une fois que l’on a compris qu’en obéissant à telle ou telle loi on contredit la nature en nous, et on contredit d’autres lois auxquelles on doit pourtant obéir ? Comment agir en de telles conditions ? Quelle attitude politique en résulte ? Cette question, c’est celle de l’attitude politique qu’on peut et doit adopter dans une telle situation de crise permanente qu’est la civilisation, où les normes et les jeux de valeurs se contredisent et exigent de nous que nous mentions, que nous nous mentions à nous-mêmes et que nous mentions aux autres et que nous mentions aussi aux institutions et aux autorités chargées de les administrer. Car, écrit Diderot, assujetti à trois codes contradictoires », l’homme est contraint de les enfreindre alternativement ». Il y a là un paradoxe terrible si j’obéis aux lois, je me contredis ; si je veux ne pas me contredire, alors je ne peux pas faire autrement que désobéir aux lois. Je ne peux à la fois être fidèle à moi et respectueux des lois communes. Cette contradiction n’est pas abstraite songez aux débats que nous avons dans notre société sur la question du port du voile. Si je veux être fidèle à ma religion, j’enfreins une loi qui m’interdira de porter un voile en public ; si je veux obéir à la loi, je dois renoncer à mes convictions qui m’enjoignent de le faire. Dans tous les cas je serai en contradiction. C’est ce problème que posent A et B dans la dernière partie du Supplément. La contradiction des codes met en contradiction l’action et son principe. Que doit-on faire dans ce cas ? Obéir aux lois et renoncer à soi ? Ou faire prévaloir son intégrité et enfreindre les lois, mais au risque de rendre la vie commune impossible ? On le voit, le problème n’est pas de choisir entre l’état de nature et l’état civilisé il est de savoir si je privilégie mon être personnel en m’élevant contre la société ou si je me coule dans celle-ci au risque de me perdre moi. Il ne peut être question de revenir à la nature puisque celle-ci est perdue dès que la civilisation s’en empare — Tahiti n’est plus Tahiti ; et il est aussi impossible d’aller vivre à Tahiti que d’être tahitien à Paris. La seule solution politique est peut-être d’assumer la 9 contradiction, de respecter les lois mais aussi, en même temps, de travailler à les réformer de façon à amoindrir la contradiction, à en atténuer les inconvénients, à soulager les douleurs d’une conscience travaillée par la division et d’une société divisée par ses contradictions. Mais comment ? Vous verrez ce que proposent A et B à la fin du dialogue. L’aumônier, par la conduite à laquelle il a dû se résoudre, donne peut-être l’exemple d’une attitude politique, étrange apparemment mais pourtant rigoureuse Prendre le froc du pays où l’on va et garder celui du pays où l’on est », c’est-à-dire être aumônier à Paris et tahitien à Tahiti, soit donc, se défroquer lorsque les lois de l’hospitalité l’exigent, renoncer à ses vœux à ses valeurs, à ses convictions, si cela est requis pour la paix publique et l’utilité commune. Se défroquer, qu’est-ce à dire ? pour un homme d’église, cela revient à renoncer à ses engagements envers Dieu et à quitter son état » de prêtre, à revenir à la vie civile. Et donc pour notre aumônier, être prêtre à Paris, civil à Tahiti quand il s’agit d’honorer les filles d’Orou. Mais pour nous, que cela signifie-t-il ? Se défroquer, c’est changer d’habits, changer de costumes. Soit, changer d’habitudes et changer de coutumes. Savoir être soi et un autre, savoir porter tel habit ici à tel moment et tel autre à tel autre moment ou en tel autre lieu. Savoir être soi mais aussi savoir se défaire de soi, se faire autre, s’ouvrir aux autres, à leurs coutumes et à leurs habitudes, bref se faire Tahitien quand cela est requis. Que signifie ce jeu de rôle ? Est-ce mensonge, duperie, hypocrisie ? En situation de crise, l’hypocrisie serait-elle requise ? Est-elle la condition nécessaire pour qu’une vie avec les autres, une vie publique, soit possible ? Ou doit-on réfléchir à un autre sens de l’hypocrisie Hypokrites, comme vous savez, c’est le nom qu’en grec ancien, on donnait au comédien. C’est peut-être là le secret, être comédien, acteur. Etre acteur, c’est-à-dire être celui qui joue son rôle mais être aussi l’homme des actions, celui qui s’en tient strictement à ses actions physiques sans se soucier des idées morales qu’on y attache. Mais l’acteur qui joue son rôle est aussi celui qui raconte des histoires, qui ne dit pas ce qu’il pense, et qui fait, en revanche, ce qu’on attend de lui qu’il fasse. Tout acteur est double, lui et son personnage. Et il pense peut-être le contraire de ce qu’il dit ou fait. Est-ce une solution ? Ou une piste pour une solution ? Je ne sais pas. Qu’en dit Diderot ? Lisons les derniers échanges de A et de B, ils parlent des femmes. Et je vous laisse penser ce qu’il faut, à votre avis, en penser. B. … Imitons le bon aumônier, moine en France, sauvage dans Tahiti. A. Prendre le froc du pays où l’on va, et garder celui du pays où l’on est. B. Et surtout être honnête et sincère jusqu’au scrupule avec des êtres fragiles qui ne peuvent faire notre bonheur sans renoncer aux avantages les plus précieux de nos sociétés. Et ce brouillard épais, qu’est-il devenu ? A. Il est retombé. B. Et nous serons encore libres, cet après-dîner, de sortir ou de rester ? A. Cela dépendra, je crois, un peu plus des femmes que de nous. B. Toujours les femmes ! On ne saurait faire un pas sans les rencontrer à travers son chemin. A. Si nous leur lisions l’entretien de l’aumônier et d’Orou ? B. A votre avis, qu’en diraient-elles ? A. Je n’en sais rien. B. Et qu'en penseraient-elles ? A. Peut-être le contraire de ce qu’elles en diraient. » 10
- critiquer la société occidentale regard éloigné - définir un idéal Critique de la civilisation occidentale Quatre points de vue contribuent à cette critique ceux du vieux tahitien, d'Orou, de Polly Baker et de B. Quelle direction prend cette critique ? Critique politique colonialisme et esclavage v vieux tahitien et colonialisme des occidentaux v missions des jésuites et esclavage des indiens au Paraguay - Travail forcé "travail assidu", "s'abreuvait de leur sueur", "un fouet à la main" - Dénonciation des jésuites désignés par une périphrase "ces cruels Spartiates en jaquettes noires" - Critique implicite de la religion utilisée à des fins politiques pour les maintenir en esclavage "sous l'abrutissement de la superstition" ž deux points de vue convergents contre le colonialisme Critique religieuse Dialogue entre Orou et l'aumônier. Pas d'évocation d'une religion des tahitiens représentation du matérialisme athée de Diderot ne croire qu'à la nature, au monde physique. Deux aspects principaux sont critiqués v La conception métaphysique de Dieu, les superstitions et la Bible Diderot se moque de la Bible à laquelle Orou fait allusion - p. 59 "un jour on te dirait tue…" allusion ironique aux 10 commandements et aux interdits alimentaires - débat sur l'inceste Orou rappelle qu'il y en a forcément eu au début Adam et Eve - Ironie et démonstration par l'absurde contradiction dogme moral ≠ texte biblique v Les couvents - moines et nonnes oisifs et inutiles socialement "Que faite vous donc?" "Rien." - vœux de chasteté contre nature, rebaptisé ironiquement "vœux de stérilité" Dénoncés dans leurs conséquences - non respect de la loi le moine y est-il bien fidèle?" ž introduit l'hypocrisie - destruction de l'individu "sèchent de douleur, périssent d'ennui" Critique des lois Cette critique est au cœur de l'ouvrage. "Nous parlerons contre les lois insensées jusqu'à ce qu'on les réforme" Théorie des trois codes naturel, civil et religieux Les sources de ces trois lois - code religieux dieu à travers la Bible, mais aussi le dogme des prêtres et des théologiens - code civil les magistrats pouvoir politique et judiciaire - code naturel la nature Contradiction entre ces trois codes qui entraînent le malheur Lois religieuses et civiles infondées Elles sont faites dans l'intérêt de quelque uns et ne seraient pas en contradiction si elles n'étaient pas arbitraires. Déchirement interne de l'homme Les actes considérés comme des crimes point de vue civil ou des péchés point de vue religieux sont autorisés par la nature. ž Mise en évidence de la contradiction entre les lois occidentales et la loi naturelle qui engendre la souffrance. Il peut aussi y avoir contradiction entre les lois civile et religieuse. Loi du mariage et répression de la sexualité Passage virulent qui dénonce le caractère insensé des lois. Utilisation du style coupé, accumulation et énumération. Tableaux qui dénoncent les effets de la condamnation de la sexualité - l'interdit engendre la transgression en le rendant plus désirable ž débauche et libertinage - la clandestinité introduit le mensonge et l'hypocrisie - crimes non négligeables infanticides et abandons d'enfants illégitimes ž Paradoxe car la loi, censée rendre les gens vertueux, génère le vice et la corruption Chapitre V point de vue de B convergent avec les critiques ci-dessus Les trois lois se contredisent "Or comment voulez-vous que des lois s'observent quand elles se contredisent ?" Solution déduite par A - suppression de la loi religieuse "peut-être superflue" - "la loi civile ne doit être que l'énonciation de la loi de la nature" ž Invitation à la réforme Conflit et déchirement, dualité chez l'homme artificiel = homme moral Trois points de vue convergent B ; Orou et Polly Baker Illustration par le conte de l'aumônier, homme de religion Incarne la loi religieuse et morale - il est "naif" et l'homme du préjugé - il critique le libertinage - conception de le sexualité comme un crime, un péché Excès verbal et vocabulaire hyperbolique "des crimes, des crimes énormes !" ž reflet du fanatisme religieux Reste dans la répétition et refuse le raisonnement "tu m'embarrasses, et tu as beau dire […] et parlons d'autre chose" Incarne le conflit interne Conflit illustré par une sorte de comédie à 56 - scène de tentation "aussi pressante tentation" Répétition comique "et mon état, et ma religion" convention religieuse Son corps trahit son désir et exprime la nature dans une sorte de pantomime "il s'agitait, il se tourmentait ; il détournait ses regards" žPersonnage ridicule, contradiction propos/corps Réfutation par l'exemple du vœu de chasteté Le prêtre finit par céder quatre fois. Evolution du personnage. "naïf aumônier" ž "bon aumônier" Conversion Inversion ironique c'est le prêtre qui est convertit, d'abord sur son point de vue sur la société occidentale puis dans l'acte sexuel. "cela ressemble" "je craint bien que ce sauvage n'ait raison" jugement de A sur l'aumônier "poli" référence à la politesse de Tahiti, qui n'a pas le même sens en occident. à La vraie honnêteté est de s'adonner à l'acte sexuel. Renversement des valeurs et attribution à la nature des traits de la civilisation. L'utopie tahitienne Monde idéal, utopie en particulier dans le domaine des relations amoureuses. Liberté sexuelle Cela répond aux lois de la nature - Principe d'utilité procréation, enrichit la nation - Principe de plaisir "l'homme a besoin la nuit d'une compagne à son côté" ž Conforme à la fois au bonheur individuel et à l'intérêt collectif, contrairement à la société occidentale qui ne concilie pas ces deux aspects. Orou - "Tu est en délire, si tu crois qu'il y ait rien […] qui puisse ajouter ou retrancher aux lois de la nature" - "Sa volonté éternelle est que le bien soit préféré au mal et le bien général au bien particulier" Caractéristiques de la société tahitienne Elles sont les conséquences de la liberté sexuelle. Valorisation de la fécondité car intérêt général, donc valorisation de l'enfant - richesse pour la nation, bonheur pour la famille et la société - consacre aux enfants 1/6 de leur PIB - enfant représente une dot pour la mère - séparation des époux partage équitable des enfants ž Perspective nataliste Définition de la beauté tahitienne - beauté utilitaire "Vénus féconde" - femme belle = femme capable de donner des enfants robustes Le mariage tahitien Définition "consentement d'habiter une même cabane et de coucher dans un même lit tant que nous nous y trouverons bien" ž durée définie par le bonheur des époux union libre Des limites qui semblent logiques car proches de la loi naturelle - de durée pour une question de paternité "d'une lune à l'autre" ou si la femme est enceinte - d'âge celui de la puberté et de la nubilité rôle social du vêtement Lors de l'atteinte de la puberté, sorte de fête, d'émancipation du jeune. Exaltation euphorique de la nudité et dévalorisation de la pudeur. Autre contrainte choix des époux - "l'un peut solliciter […] accepter ou refuser les caresses" Certaine liberté de choix, mais limite car les parents jouent un rôle en les conseillant sur leur choix. B définit deux critères de choix - physiologique fécondité - physique mais ramené à utilitaire Liberté amoureuse qui va jusqu'à l'inceste et fait tomber un tabou occidental Pas de prohibition de l'inceste cf. - argument biblique - principe d'utilité cas de la mort de la mère ou du père logique de procréation Restriction légitime au nom de la procréation Pas interdit mais rare loi de la nature "la disparité d'âge" Au nom de la nature attirance pour quelqu'un de plus âgé peut être naturel Utopie dans le domaine de l'économie et de la société - réduction de leurs besoins à l'essentiel - valeurs inverses de la société de consommation occidentale žsociété occidentale qui valorise la peine et le travail žsociété tahitienne qui valorise le repos et le plaisir - absence de la notion de propriété "tout est à tous" les femmes et les biens - sorte de communisme primitif "les travaux et les récoltes s'y faisaient en commun" žpas de tensions ou conflits internes, de guerres civiles žpas de guerre avec les autres pays pour des raisons économiques à Dimension pacifique. La base de la richesse tahitienne est les enfants en occident marchandises et biens "criculation d'hommes, de femmes, d'enfant ou de bras" Utopie car société heureuse qui fonctionne bien, grâce à deux principes - communisme primitif tous les biens sont en communs - hédonisme plaisir au premier plan Remise en cause de l'idéal tahitien Diderot ne donne pas la société tahitienne comme modèle d'une société idéale, ironie permanente. Ambiguïté dans la société Il règne à Tahiti le code de la nature, une liberté amoureuse qui va jusqu'à l'autorisation de l'inceste mais tout les êtres y ont-ils droits ? La liberté de l'amour est-elle absolue? Retour de l'interdit Trois types de voiles désignant les femmes interdites à l'amour invention de Diderot - voile blanc jeunes filles non nubiles - voile noir stérilité de naissance ou d'âge - voile gris menstruations "maladie périodique" Punition qui suit cet interdit, châtiment quand on soulève son voile - blâme - esclavage ou exil - emprisonnement è L'interdit concerne les femmes en état de stérilité. La liberté amoureuse n'est donc pas totale puisque le plaisir sexuel est assujetti à la procréation. Libertinage = gaspiller son énergie sexuelle en dissociant le plaisir de la procréation Pas tellement différent du mariage chrétien sauf dans la notion de péché. Réification des femmes et des enfants réifier= réduire à l'état d'objet Les femmes sont une propriété Rien n'est dit de la stérilité des hommes, quasi soumission des femmes au désir masculin. "Nos femmes nous sont communes" propriété collective mais la réciproque n'est pas vraie hospitalité tahitienne = offrir une fille Contradiction liberté de mœurs mais obligation pour les femmes. "Elles m'appartiennent et je te les offre" Orou entre en contradiction avec lui-même pas de droit de propriété sur les êtres Les enfants sont réduits à des objets Marchandise qu'on échange et partage "objet d'intérêt et de richesse" Il est une dot pour la mère.
supplément au voyage de bougainville résumé par chapitre